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L’économie circulaire: réaction à labaisse du pouvoird’achat ou tendancede fond

Chacun d’entre nous a déjà acheté, vendu, revendu, loué ou échangé ses objets, ses habits, sa voiture ou son logement, sur des plateformes dédiées comme EBay, Vinted ou encore Back Market… Chacun d’entre nous a donc déjà participé à l’économie circulaire. Rappelons, tout d’abord, ce qu’est l’économie circulaire : C’est un modèle économique qui vise à réduire le gaspillage des ressources naturelles et l’impact environnemental grâce à la création d’un cycle continu de réutilisation et de régénération des matériaux.

Quels sont les bienfaits de l’économie circulaire ?

66%* des Français, Espagnol et Portugais ont déjà eu recours à l’économie circulaire. (*D’après l’institut CSA pour Oney). Et cela n’a rien d’étonnant. En effet, c’est une façon de consommer plus pratique, plus rapide, plus libre. Et bien plus encore… C’est aussi un geste fort, un acte. Celui de défendre l’économie responsable (l’économie circulaire étant une expression de la consommation responsable). Et en ces temps d’inflation, elle en devient même un cercle vertueux puisqu’elle protège l’accès à des biens qui seraient inaccessibles, autrement. Les smartphones, tablettes et autres produits technologiques en sont le parfait exemple.

La plupart sont délaissés par leurs utilisateurs au profit d’un modèle plus récent ou du dernier cri. C’est pourquoi ces produits sont rachetés à leurs propriétaires pour être réparés (éventuellement), avant d’être repackagés puis réinjectés dans le circuit commercial. Un smartphone, par exemple, peut être revendu entre 20 et 50% moins cher que sa version neuve. Et, en ces temps d’inflation, les classes moins aisées ont donc, elles aussi, l’opportunité de pouvoir s’équiper.

Face à la crise climatique et environnementale, l’économie circulaire représente ainsi un engagement fort pour plus de sobriété́ écologique. Réparer, recycler, réutiliser… sont autant d’actes citoyens pour réduire notre impact collectif sur la planète.

Comment l’économie circulaire est devenue tendance ?

Avant, on appelait ça le marché de « l’occasion ». C’était vendre, acheter ou louer ce dont les autres ne voulaient plus, qui avait déjà servi ou qui était usé, tout ce qui n’était plus couvert par la garantie ou qui n’avait pas été produit, récemment. Côté users, c’était plutôt les personnes qui n’avaient pas les moyens de consommer neuf qui louaient ou achetaient « d’occasion » à des associations (comme Emmaüs) ou lors manifestations locales (comme la cultissime braderie de Lille).

C’était, en tout cas, l’idée que nous nous en faisions. Mais, ça c’était avant. Parce qu’aujourd’hui, cette idée est révolue. Choisir « la seconde main » c’est : Économiquement malin. Parce qu’on peut nettement moins dépenser pour le même produit. Écologiquement préférable. Parce qu’on peut utiliser un produit bien au delà de sa durée de vie. Émotionnellement impactant. Parce que chaque objet raconte des histoires et des vies, les nôtres. Socialement valorisant. Parce qu’on se doit tous d’être citoyen éco-responsable. En effet, désormais, nous sommes bien plus que de simples revendeurs. En revendant, nous ne faisons plus dans le gagne-petit.

Nous devenons des héros avisés du développement durable, nous accédons à des produits éco-conçus de meilleure qualité et nous garantissons une meilleure traçabilité des produits alimentaires (notamment). Grâce à la mise en place de circuits courts qui contribuent aux développements environnementaux et sociaux (santé, emplois, économie locale…), nous sommes capables aujourd’hui, d’en tirer rapidement, des bénéfices importants.  Et il n’y a pas que les éco-citoyens qui s’y mettent ! Les plus vieilles industries, ainsi que leurs grandes marques se prêtent également à une meilleure circularité de leurs produits.

Et alors, que l’économie circulaire pouvait avoir une image dite « cheap », voire de « braderie » pour certaines marques, celles qui vendent de l’image ont elles aussi intégré la seconde main à leur offre. Et aujourd’hui, il n’est pas rare de pouvoir acheter, jusqu’à moitié prix, des tenues de soirée de grandes maisons de mode, des bijoux ou encore des montres de luxe… Grâce également à une digitalisation de l’économie circulaire.

Comment l’économie circulaire s’est digitalisée ?

Le poids des plateformes en ligne s’accroit chaque jour. Et avec elle, le poids des particuliers dans l’économie circulaire, tant sur la location que sur la seconde main. Devenus des leviers de propulsion, les outils et supports numériques stimulent la transition d’une économie linéaire vers une économie en boucle. Les applications, les réseaux sociaux… permettent la mise en avant des nouvelles façons d’acheter, de vivre et actionnent la mise en relation entre vendeurs et acheteurs sur les multiples plateformes de vente. Nous connaissions déjà Ebay, le précurseur.

Et aujourd’hui, il y a Vinted, qui nous permettait à l’origine de vendre et acheter des vêtements avant d’accueillir, dans son essor, de multiples ventes sur des objets comme les livres, les objets de déco
et même des petits meubles… En parallèle, et grâce à internet, les entreprises expertes en reconditionnement ont vu leur notoriété grandir grâce à la vente de produits révisés et réparés, notamment pendant le Black Friday.

L’économie circulaire et le numérique, créateurs de liens. Via les plateformes numériques, nous avons pu voir éclore bon nombre de nouvelles communautés d’usagers ou citoyens visant à (re)développer le réflexe et le recours à l’économie circulaire. Le seconde main et l’auto-partage reflètent cette économie collaborative. Ancrées au niveau territorial et local, ces nouvelles plateformes ont permis de créer des échanges entre voisins mais aussi entre entreprises. Vive le free floating ! Et ce n’est pas tout, car cette digitalisation a contribué à faire naitre de nouveaux usages favorisant l’économie circulaire, comme le Free Floating.

Une forme de mobilité partagée qui permet à toutes et à tous de disposer d’une solution mobile (vélo, scooter et même voiture…) sans devoir se rendre à une station ou à une borne. Accessibles en mode locatif, depuis une application dédiée téléchargeable, souvent facturés à la minute, ces nouveaux moyens de locomotion offrent une plus grande liberté de mouvement aux usagers qui, grâce à un système de géolocalisation et au déverrouillage via un QR code, ont la possibilité de trouver rapidement la solution qui leur convient le mieux. Le transfert d’une économie de la propriété à une économie de l’usage se jouant aussi grâce aux objets nomades, chaque objet connecté devient ainsi un centre de profit à lui tout seul.

Les impacts de l’économie circulaire

Ou comment l’économie circulaire est devenue le cheval de Troie d’une transformation profonde du rapport à la réussite et à la valeur. Jusqu’ici, consommer est un indicateur de richesse, un pouvoir. Le pouvoir de s’approprier quelque chose, d’en posséder son usage exclusif. De se vanter (directement ou non) auprès de ses pairs, d’en être son unique détenteur. On en fait ce que l’on souhaite, on peut même le détruire si ça nous chante. Mais en réalité, plus on consomme, plus on consume, plus on gâche, notamment en se débarrassant des emballages en carton ou en plastique, et le plus souvent, sans
trier.

Se pose alors un véritable tabou : s’accaparer les ressources, c’est valorisant. Avoir un grand terrain, c’est valorisant. Consommer et émettre une énorme quantité de déchets… c’est valorisant. C’est un signe de richesse, de pouvoir d’achat. Mais…La pratique de l’économie circulaire favorise une redéfinition de la réussite et de la valeur. Ainsi, on ne défend pas un pouvoir d’achat mais l’accès aux ressources. On ne parle pas de pouvoir d’avoir mais de jouissance de biens. On parle épanouissement, équilibre, harmonie, bien- être… Autant de valeurs que nous ne pouvons acheter.

L’économie circulaire interroge notre investissement sur le pouvoir d’achat et l’utilisation des biens comme attributs de prestige ou de pouvoir. Ce n’est pas le pouvoir d’achat que nous devons défendre mais l’épanouissement personnel et de groupe, grâce à des accès aux ressources naturelles, selon des modalités qui protègent l’environnement et les vivants qui l’entourent. L’économie linéaire est une économie de l’extraction, de la production, de la consommation, de la mise au rebut et de la destruction : une économie basée sur la domination. L’économie circulaire est une économie de la préservation des ressources, du partage, du lien, de la réutilisation, ou de la revalorisation. C’est une économie
basée sur la relation.

Et les facilités de paiements dans tout ça ?

Les facilités de paiement ont été les outils emblématiques de la consommation traditionnelle et du pouvoir d’achat. Mais elles peuvent être aussi des aides à la consommation durable. La consommation durable a en effet autant besoin, si ce n’est davantage, de facilités de paiement. En effet, les produits plus durables ont parfois un coût d’achat plus élevé : le surcoût peut être amorti par la durabilité accrue du fait de la qualité ou de la réparabilité accrue. Les facilités de paiement sont donc un puissant levier pour promouvoir une
consommation plus responsable et donner aussi à l’économie circulaire l’amplification dont elle a besoin.

Pour finir, gageons que l’économie circulaire n’est pas qu’une réaction à la baisse du pouvoir d’achat mais une tendance de fond. De la même manière que la pandémie a amplifié la digitalisation de nombreuses pratiques sociales (de la téléconsultation au télé-travail en passant par le home cinéma), on peut parier que l’intérêt pour l’économie circulaire, parfois découvert à l’occasion de ce contexte d’inflation et de baisse de pouvoir d’achat, survivra à un retour de meilleur fortune, et on ne peut que s’en réjouir !