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L’essor desnéo-banques : quelest son impact surles relations entrebanques, retailers etclients

L’essor des néo-banques : quel est son impact sur les relations entre banques, retailers et clients ?  

 Depuis quatre ans, le marché des néo-banques connaît une croissance fulgurante estimée à 722,6 milliards de dollars en 2028. Ces acteurs innovants du secteur bancaire ont bouleversé les codes des banques traditionnelles.  

Nous explorons cette révolution grâce à l’analyse d’Eric Delannoy, président-fondateur de Tenzing Conseil, un cabinet de conseil en stratégie opérationnelle spécialisé dans le secteur bancaire. Engagé contre le déterminisme social, Tenzing Conseil a revu sa politique de recrutement : il sélectionne ses consultants en fonction de leurs compétences, indépendamment de leur niveau d’études.  

Explications d’Eric Delannoy sur les impacts des néo-banques sur les relations entre banques, retailers et clients, ainsi que sur les bénéfices et enjeux de cette transformation. 

Quels avantages représentent les néo-banques pour les banques traditionnelles ?

Bien que considérées comme des concurrents, les néo-banques sont souvent acquises par des groupes bancaires : Arkéa détient Fortunéo, Hello Bank et Compte Nickel appartiennent à BNP Paribas, etc…  

Ces néo-banques agissent comme des laboratoires internes pour développer de nouvelles formes bancaires et stimuler l’innovation. Elles poussent également les banques traditionnelles à se réinventer, notamment en matière de services omnicanaux et d’expérience utilisateur. Depuis le COVID-19, la part des banques en lignes et des néo-banque sur le marché bancaire européen a connu une augmentation exponentielle. En 2017, les banques en ligne représentent 49% du marché européen. Ces dernières renforcent ainsi la compétitivité du secteur bancaire. 

Par ailleurs, la réduction des coûts de gestion est un argument convaincant pour les utilisateurs : la plupart des néo-banques sont gratuites ou peu coûteuses. Par exemple, Oney se démarque en proposant du crédit à la consommation, mais aussi des assurances. L’exemple de la banque allemande N26 connaît un succès : plus de 8 millions de clients dans 24 marchés. Ses utilisateurs apprécient le service client permanent et la modernité en termes de designs des cartes bancaires. Cependant, les néo-banques dépendent de levées de fonds et font face à l’enjeu de monétiser la relation client.  

L’un des principaux moteurs de leur succès est leur adaptation aux évolutions technologiques. Les néo-banques ont su profiter de la désaffection des agences bancaires traditionnelles, notamment auprès de la jeune génération. Elles sont également très présentes sur les réseaux sociaux, comme le montre Revolut sur LinkedIn. La GenZ privilégie les communications numériques et aspire à une meilleure gestion de ses finances. Les néo-banques gratuites représentent une petite part du marché et les autres sont à faible coût, ce qui les rend attractives pour cette génération connectée. 

Quels avantages peuvent tirer les retailers des néo-banques ?

Pour les retailers, l’utilisation des néo-banques vise principalement à augmenter les ventes grâce à : 

  • des moyens de paiement instantanés, tels que les virements immédiats et les paiements par carte bancaire virtuelles à usage unique 
  • des offres de cashback et des réductions sur certains produits qui peuvent également attirer les clients.  

De plus, les néo-banques permettent aux retailers de fidéliser leur clientèle en proposant une expérience utilisateur simplifiée et des programmes de fidélité. Enfin, les processus de paiement sont facilités par des interfaces connectées et des services additionnels pour les entreprises, comme les notifications de paiement proposées par Qonto. 

Et les clients, que peuvent-ils attendre des néo-banques ? 

Quant aux clients, ils peuvent profiter d’offres adaptées à leurs besoins. Les néo-banques proposent des produits simples et efficaces, ainsi que des outils de budgétisation en temps réel. De plus, les frais bancaires sont généralement moins élevés, avec des tarifs annuels compris entre 12 et 30 euros et des services de cartes bancaires moins chers. Les frais de gestion de compte sont par ailleurs plus transparents et souvent inférieurs à ceux des banques traditionnelles. Toutefois, cela soulève la question de la rentabilité des opérations bancaires des néo-banques. 

 Les opérations bancaires sont également plus simples : les néo-banques mettent tout en œuvre pour une expérience utilisateur fluide. Par exemple, clôturer son compte bancaire en parallèle d’un process d’inscription simplifié est encore plus simple chez les néo-banques ; cela ne nécessite que quelques clics. Cette facilité s’aligne sur la tendance observée chez les clients, qui se rendent de moins en moins fréquemment dans les agences bancaires. Eric Delannoy le souligne : « Les 18-34 ans et les catégories socio-professionnelles supérieures sont deux fois plus nombreux à préférer les services mobiles des néo-banques ».

À quels défis font face les néo-banques ?

Dans un monde où la digitalisation règne en maître, les néo-banques ont un défi majeur de sécurité et de conformité. L’ACPR, organisme de régulation, joue un rôle crucial dans la supervision et le contrôle de ces nouveaux acteurs financiers. Il veille au bon respect des exigences légales et réglementaires en matière de protection des consommateurs. Les néo-banques sont cependant parfois perçues comme moins sécurisées que les banques traditionnelles, en raison de cas notoires de fraudes et de piratages de données : l’exemple récent de Revolut reste en mémoire. De nombreux utilisateurs ont rencontré un problème de piratage de données, et peu d’entre eux ont été remboursés. 

La dépendance technologique constitue également un enjeu majeur pour les néo-banques, qui reposent entièrement sur des infrastructures numériques pour opérer. Selon Eric Delannoy, expert en la matière, “toutes les entreprises reposent sur l’information. Les banques traditionnelles se servent de system legacy beaucoup plus rigides et difficiles à faire évoluer. Les API représenteraient des solutions pour renouveler ce système. Mais finalement, la technologie est plus complice de la néo-banque que de la banque traditionnelle.” 

Enfin, l’impact des néo-banques sur la concurrence dans le secteur bancaire est un sujet de préoccupation. Si la plupart de leurs clients utilisent leurs services en complément de leur banque principale, elles ont bien l’objectif de devenir leur établissement bancaire principal. Pour y parvenir, les néo-banques devront élargir leur offre de services et inclure des éléments essentiels tels que le dépôt de chèques et les crédits à la consommation ou immobiliers. Un développement qui représente toutefois un investissement considérable. 

« En somme, les néo-banques servent d’aiguillon pour faire évoluer le secteur bancaire, offrant compétitivité et innovation, notamment dans l’expérience client » 

Elles apportent des avantages considérables aux clients, retailers et banques traditionnelles, tels que la simplicité d’utilisation, la réduction des coûts et des services personnalisés. Néanmoins, les défis demeurent, notamment en matière de sécurité, de conformité et de rentabilité. 

  Pour prospérer, les néo-banques devront se concentrer sur : 

  • la sécurisation des transactions,  
  • la protection des données, 
  • et l’exploration de nouveaux moyens de monétisation. 

Leur capacité à s’adapter à un environnement en constante mutation et à intégrer de nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle et la blockchain, déterminera leur succès et leur impact sur l’industrie bancaire dans son ensemble.  

 Les néo-banques pourraient-elles finalement remodeler la façon dont nous interagissons avec nos finances et transformer notre rapport à l’argent ? Seul l’avenir nous le dira.